[...] car je sais que la Cheffe attachait une plus grande valeur à l’honnêteté qu’à l’amour, il lui semblait qu’on pouvait se comporter très mal au nom de l’amour mais jamais au nom de l’honnêteté.
Marie NDiaye, La Cheffe. Roman d’une cuisinière. Gallimard, 275 p.
luvale dancer, makishi festival, Rhodesia (Zimbabwe)
How do you know I’m real? I’m not real; I’m just like you. You don’t exist in this society; if you did, your people wouldn’t be seeking equal rights. You’re not real; if you were, you’d have some status among the nations of the world. So we’re both myths. I do not come to you as the reality, I come to you as the myth because that’s what black people are, myths… I’m actually a present sent to you by your ancestors.
Sun Ra, Space is the Place (1974) (via lordsofsoundandlesserthings)
cinemakenya:
African metropolis 6 courts métrages, dans 6 métropoles africaines Abidjan, Le Caire, Dakar, Johannesburg, Lagos et Nairobi, 6 réalisateurs à suivre. Une belle initiative transcontinentale pour promouvoir les nouvelles représentations de l'Afrique et bousculer les idées reçues.
Edgar Arceneaux: I did have a third category of how I see you using materials, which is synthetics, be it hair, mylar, sheets of vinyls that look like wood. These are things that have the qualities of being natural but are actually made with machines. Blurring the lines between organic and synthetic imbues your backgrounds with additional associations to concepts of science fiction. When we talked about particles, bleeds, and strains of interactions in your art materials, these are also the same fear-inducing qualities of the antagonist in much of science fiction, fantasy and horror genres films today. Dispersions of airborne viruses producing zombies or wiping out of society with an incurable disease, or on the genetic level, dealing with bio-technology, genetic manipulation, mutation, genetically altered foods and the cloning of human beings. All cause radical restructuring and conflict within both the human body, as well as the societal body. In most Hollywood films, disfigurement is treated as something to be suppressed, pushed back into the shadows, but in your work, you use it as a means to dispel illusions. In spite of that, your work is very seductive to so many people, could you talk about why you think that is?
Wangechi Mutu: I don't even know what people are actually seeing, I can only see through my eyes, or how it feels to be making it, or what if feels like to see these characters created in their environments. I do know that I have a deep fascination in what is considered to be "not-normal," what is considered to be the quintessential look where an ethnicity is considered to be normal. Who came up with and why? What is the purpose of coming up with those delineations and categories? In many ways I see it as a thread running through my work. I see it in pinups, in female insects to cyborgs, everything has this question of beauty, appearance, perception, our claim to understand a person's history and their intentions is based on appearance. That is why I play with this notion of what draws you in, what gives you a sense of comfort, gives you a set of codes that allows you to judge this person. "Oh, I know this person, they're morally in the right place," and I can therefore allow them in. As a non-American, as someone bureaucratically and officially alien, that term itself raises questions about what that means anyway. If you see any depictions of alien in Hollywood or mass media and apply it to yourself, there is inevitably going to be this disconnect or questioning. That's where some of those things come from.
Wangechi Mutu, Primary Syphilitic Ulcers of the Cervix, 2005
Photographer Cristina de Middel’s Intoxicating Blend of Truth and Fiction
Frances Bodomo | Writer/Director
Frances Bodomo is a Ghanaian filmmaker who grew up in Ghana, Norway, California, and Hong Kong before moving to New York City to study film at Columbia University (BA) and the Tisch School of the Arts (MFA). Her goal is to make conceptually strong films that bring fresh African images to the international forefront.
Her first short film, Boneshaker (starring Oscar-nominee Quvenzhané Wallis), premiered at the 2013 Sundance Film Festival and played at over 20 film festivals including Telluride, SXSW, LA Film Fest, and the Edinburgh International Film Festival.
Her latest short film, Afronauts (recipient of the Alfred P. Sloan Production Grant & Spike Lee Fellowship), will premiere at the 2014 Sundance Film Festival. She is developing the feature version of the film.
She was most recently accepted into the 2014 Berlin Talents program. @tobogganeer
The fact is, I don’t think SF can be really utopian. I mean utopia presupposes a pretty static, unchanging, and rather tyrannical world. You know: ‘I know the best way to live, and I’m going to tell you how to do it, and if you dare do anything else…’
Samuel R. Delany, interviewed in 1986, “On Triton and other matters” (via notesonresistance)
Making Africa - A continent of Contemporary Design Architecture of Independence - African Modernism Vitra Design Museum & Vitra Design Museum Gallery, Bâle - Suisse / Février - Septembre 2015
1962-1970, Abidjan
© Iwan Baan, Hôtel Ivoire, Abidjan (Côte d’Ivoire), Heinz Fenchel et Thomas Leiterdorf, 1962-1970. (Vitra Design Museum)
2081, Lagos
© Olalekan Jeyifous (vigilism.com) et Wale Oyejide (ikirejones.com),“Idumota Market, Lagos 2081”.
Depuis quelques années, l’Europe redécouvre une Afrique porteuse d’une liberté et d’une capacité d’innovation qu’elle semble lui envier. Si le continent séduit c’est parce qu’il montre, du Sénégal au Kenya, du Niger à l’Afrique du Sud, le visage d’une hypermodernité faite d’une culture urbaine, cosmopolite et technophile. Cette « actualité » nous renvoie à une autre inscription historique de l’Afrique comme dernière frontière de la modernité aux yeux du monde occidental : « les Indépendances ».
1957, 1958, 1960, années phare du continent africain. De plus en plus nombreux, les pays colonisés accèdent à l’Indépendance, faisant de l’Afrique le dernier terrain en date du laboratoire de la contemporanéité. Cette dynamique va en partie se concrétiser par l’émergence d’une architecture expérimentale voire futuriste, espace concret de la nouvelle puissance d’action des jeunes nations continentales.
Mais projets utopiques et réalisations concrètes vont progressivement tomber dans l’oubli et en 2010 lorsqu’il s’agit de fêter les cinquantenaires des indépendances africaines, de nombreuses voix s’élèvent pour regretter qu’il n’y ait rien à célébrer.[1]
2015, le regard médiatique a de nouveau changé. En effet, depuis quelques années, l’Afrique est le continent des pourcentages de croissance insolents eu égard aux maigres performances des pays occidentaux et européens en particulier. En 2050, un quart de la population mondiale vivra en Afrique dont la moitié dans les villes et en 2100, le continent abritera 4,2 milliards d’êtres humains.[2] C’est la région la plus dynamique au monde en matière de croissance et d’impact de la téléphonie mobile.[3] Limités aux usages des technologies il y a peu de temps encore, les africains rejoignent les acteurs de la révolution numérique. C’est vertigineux !
Mais plus fondamentalement encore, si l’Afrique est importante c’est “ parce qu’un milliard de personnes vivent en Afrique et se positionnent chaque jour dans des structures de pensée imaginatives et conceptuelles extrêmement complexes, de façon à promouvoir les idées, la vie et les communautés, mais aussi les théories des objets, des consommateurs et leurs articulations ”, souligne Okwui Enwezor, le directeur artistique de la prochaine Biennale Internationale de Venise. Et il rappelle judicieusement, “ avant d’être à la mode, l’Afrique existe déjà en tant que telle ”.
© Iwan Baan, "Chai House, (Architects unknown)," Nairobi, ca. 1970. (Vitra Design Museum)
Il n’est donc pas étonnant que ces deux périodes soient mises en parallèle dans la double exposition du Vitra Design Museum de Bâle qui tient actuellement sur le prestigieux campus de la société Vitra en Suisse.
La première, Architecture of Independence - African Modernism qui se tient à la Vitra Design Museum Gallery est relativement modeste dans sa présentation mais majeure de part la qualité du travail de recherche et de documentation. L’exposition documente les grands chantiers post-indépendances qui vont faire du continent un acteur remarquable de l’histoire récente de l’architecture. Une cinquantaine de bâtiments sont passés en revue, parmi lesquels le prestigieux hôtel Ivoire d’Abidjan (1963-1970) qui marquera un moment des échanges avec Israel —dont la récente accession à l’Indépendance (1948) en fait un compagnon naturel et un partenaire dans le processus d’émancipation. Les pavillons de la Foire Internationale de Dakar (FIDAK) (1974) conçue par les architectes français Lamoureux, Marin et Bonamy. L’Assemblée Nationale de Zambie à Lusaka (1966), ou encore l’incroyable discothèque de Nairobi, la Chai House (années 1960), aux allures d’OVNI qui a malheureusement été détruite en 2014. L’exposition est basée sur les recherches de Manuel Herz, architecte et auteur. Elle présente de précieux documents d’archives, plans, cartes postales, coupures de presse, reportages filmés, textes. Un ouvrage riche en iconographie African Modernism, accompagne l’événement.
© Iwan Baan, La Pyramide, Abidjan (Côte d’Ivoire), Rinaldo Olivieri, 1973. (Vitra Design Museum)
La seconde exposition est audacieuse, autant dans le positionnement que dans le format de présentation des œuvres.
En effet « Making Africa. A continent of Contemporary design », a pour ambition de « renouveler le regard sur le design contemporain en Afrique » et entend mettre en évidence l’importance et la pertinence des réponses apportées au quotidien par les africains pour faire face aux conditions de vie locales si souvent chaotiques.
Comme le souligne les organisateurs, loin d’être cantonnée à des productions artisanales pour attentes exotiques, « l’Afrique se fait une terre d’expérimentation des nouvelles approches et solutions qui seront employées dans le monde entier : le design du XXIe siècle et ses effets futurs sont ici bien visibles ».
© Vigilism, Cardboard Cityscape, 2014 © Olalekan Jeyifous
Ici, les artistes, designers, chercheurs, ne se revendiquent ni magiciens, ni gourous, leurs productions n’entendent pas s’inscrire dans une démarche monumentale. L’heure est productions tangibles, aux expériences collaboratives, aux utopies réalisées dans un environnement immédiat.
Ils interrogent la pertinence de notions économiques telles que l’informel, politiques et sociales telles que le traitement de l’homosexualité ou la place de l’enseignement, ou encore sociétale comme le rôle des médias dans la constructions des identités. Films, productions vidéo, objets futuristes, jeux vidéo, mode, photographies, les frontières entre les disciplines sont volontairement balayées.
Dans ce monde à venir, marqué par d’intenses bouleversements économiques, technologiques, politiques et esthétiques, l’Afrique à de nouveau quelque chose à apporter au monde. Loin des ambitions monumentales des années 1960, les artistes du XXIe suggèrent que le futur c’est aujourd’hui et qu’il est cyberpunk!
Oulimata Gueye
Justin Plunkett, Con.Struct, 2013 © Justin Plunkett
Architecture of Independence. African Modernism : 20.02 - 31.05.2015
Making Africa. A continent of Contemporary design : 14.03 - 13.09.2015
Maker Library Network - 12.06 - 30.08.2015
L’exposition est divisée en quatre parties : le Prologue qui entend poser les éléments du débat et questionner le régime de représentation de l’Afrique aujourd’hui. I and We : la création est le fruit de recherches, de réflexion partagées, de réappropriation et d’expression de ces prises de position. Space and Object : dans une environnement majoritairement urbain comment penser l’espace, les technologies et les objets qui vont avec? Origin and Futur : le continent se tourne résolument vers le futur et réinterprète son futur antérieur.
10 noms à retenir :
XP & | Développer Design Ltd Tahir Carl Karmalli, Dennis Muraguri, Tonney Mugo Pierre-Christophe Gam Ynka Llori Phetogo Tshepo Mahasha Bull Doff Fabrice Monteiro Vigilism Kai Krause Saki Mafundikwa Selly Raby Kane
Expand Design Ltd, Splice, 2012 © Ifeanyi Oganwu
Notes :
[1] « Nous voici donc en 2010, cinquante ans après la décolonisation. Y a-t-il vraiment quoi que ce soit à commémorer ou faut-il au contraire tout reprendre ? Restauration autoritaire par-ci, multipartisme administratif par là ; ailleurs, maigres avancées au demeurant réversibles ; et, à peu près partout, niveaux très élevés de violence sociale, voire situations d’enkystement, de conflit larvé ou de guerre ouverte, sur fond d’une économie d’extraction qui, dans le droit fil de la logique mercantiliste coloniale, continue de faire la part belle à la prédation. Voilà, à quelques exceptions près, le paysage d’ensemble. » Achille Mbembe;http://www.courrierinternational.com/article/2010/04/01/aux-africains-de-se-battre
[2] Un quart de la population mondiale vivra en Afrique d'ici 2050, a annoncé mardi 12 août l'Unicef, alors que les taux de natalité continuent d'y augmenter rapidement. « Sur la base des tendances actuelles, d'ici 35 ans, 25 personnes sur 100 seront des Africains », selon un rapport du Fonds des Nations unies pour l'enfance présenté à Johannesburg. A cette date, 40 % des enfants de moins de cinq ans dans le monde vivront sur le continent. Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique et première puissance économique du continent, représentera à lui seul 10 % des naissances dans le monde d'ici 2050. La population africaine, qui compte actuellement 1,2 milliard d'habitants, doublera d'ici le milieu du siècle et atteindra 4,2 milliards d'ici 2100, selon l'Unicef. Cette croissance démographique entraînera une surpopulation encore plus forte, et d'ici la fin des années 2030 la plupart des Africains vivront dans des villes. http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/08/12/en-2050-un-quart-de-la-population-mondiale-sera-africaine_4470663_3244.html
[3] http://www.agenceecofin.com/mobile/1311-15039-l-afrique-subsaharienne-la-region-la-plus-dynamique-du-monde-en-telephonie-mobile
Dancers Celebrating the End of Harvest || Ivory Coast || West Africa || 2005 || © Olivier Martel
"Of whom and of what are we contemporaries? And, first and foremost, what does it mean to be contemporary?" Giorgio Agamben, Qu’est-ce que le contemporain?, Paris, Rivages, 2008. Photo: Icarus 13, Kiluanji Kia Henda
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